Partie - Expansion des objectifs et moyens de l’État
- Introduction - Partie - Expansion des objectifs et moyens de l’État
C. À retravailler - II. En cours d’éditorialisation -
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Chapitre - Définition(s) de l’État-providence
Dans ce chapitre premier et introductif, il s’agit de préciser le ou les sens du concept central de l’ensemble de cette partie sur l’expansion des objectifs et moyens de l’État en France au cours des XIXe et XXe siècles. Il s’agit aussi de construire l’objet d’étude de cette partie, donc une « problématique » portant d’abord sur la notion d’État-providence : qu’est-ce que l’on désigne ainsi dans la langue française ? Existe-t-il une seule définition de cette expression ? Le sens de l’expression varie-t-il d’une culture à une autre, d’une période à une autre ? Quels enjeux sous-tendent les variations voire les controverses éventuelles relatives à cette notion ?
La comparaison internationale et interculturelle, notamment entre les langues françaises, allemandes et anglaises, des histoires sémantiques et doctrinales font apparaître des controverses et des luttes qui portent principalement sur les degrés d’intervention de l’État et aboutissent à des définitions variables, plus ou moins larges quant à ce que l’État doit faire ou fait effectivement (Cf. Section - Socio-histoire comparative du concept). Cet aperçu socio-historique du concept d’État-providence suggère ainsi que la principale variation à considérer se situe entre des « définitions larges » et des « définitions restreintes » de l’État-providence, que ces définitions soient descriptives ou prescriptives, les deux dimensions étant souvent imbriquées (Cf. Section - « Définition étroite » ou « définition large »).
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Section - Socio-histoire comparative du concept
Un aperçu même rapide des histoires sémantiques des notions d’État-providence en langue française, anglaise et allemande, permet d’apercevoir non seulement des divergences de sens, qu’il importe de connaître et de mémoriser pour comprendre les débats internationaux d’aujourd’hui autour de ce concept, mais aussi des enjeux politiques relatifs à cette notion, notamment sur les divergences d’appréciation quant aux degrés souhaitables d’intervention de l’État dans la société civile. Les quatre notions présentées permettent aussi de prendre des repères chronologiques : État-providence (Cf. Segment - État-providence) et Sozialstaat apparaissent au milieu du XIXe siècle alors que Wohlfahrtsstaat (Cf. Segment - Sozialstaat et Wohlfahrtsstaat) et Welfare State (Cf. Segment - Welfare State) apparaissent dans les débats de la deuxième moitié du XXe siècle où s’entremêlent davantage débats politiques dans l’espace public d’une part et débats dans l’espace universitaire des recherches professionnalisées en sciences humaines et sociales d’autre part (Cf. Segment - Recherche en sciences sociales).
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Section - « Définition étroite » ou « définition large » ?
- Introduction - Section - « Définition étroite » ou « définition large »
D. Rédaction stable pour relecture collective - II. En cours d’éditorialisation -
- Introduction - Section - « Définition étroite » ou « définition large »
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Section - Socio-histoire comparative du concept
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Chapitre - L’évolution du rôle de l’État dans la société
L’histoire de l’État-providence en France a fait l’objet de multiples recherches depuis plusieurs décennies, mais les ouvrages de Pierre Rosanvallon ont particulièrement marqué les débats publics, notamment dans la presse et les mass-médias, mais aussi dans les communications savantes du monde universitaire. Un livre est sans doute le plus connu : La crise de l’État-providence 1 qui suscita débats et controverses au sujet de l’échec allégué de l’État-providence tant en ce qui concerne les difficultés de financement des prestations sociales qu’en ce qui concerne leurs faibles effets de réduction des inégalités. L’autre livre a produit moins de débats publics mais est également le plus souvent cité dans la bibliographie scientifique : L’État en France de 1789 à nos jours 2. Il s’agit d’une présentation historique des aspects et des étapes de la formation de l’État-providence en France aux XIXe et XXe siècles. L’auteur structure cette historiographie à partir de figures des relations État / société dont l’émergence, à des moments distincts de l’histoire, caractérise l’apport de chaque période à ce qui est issu des précédentes : « le Léviathan démocratique », « l’instituteur du social », « la Providence », « le régulateur de l’économie ». On ne peut pas exclure que cette présentation historique soit liée par de multiples aspects à l’ouvrage précédent, antérieur de neuf ans, notamment afin d’assurer la compatibilité des deux dont la définition étroite de ce que Rosanvallon nomme « la Providence » qui coïncide avec sa thèse d’une « crise » de l’État-providence d’autant plus crédible que celui-ci se trouve réduit à quelques secteurs, comme ceux des assurances sociales étatisées en « sécurité sociale ».
De ce point de vue, la présentation historique faite par Rosanvallon ne coïncide pas avec celle d’autres auteurs, non français comme Gosta Esping-Andersen et Abram de Swaan : le point de divergence le plus marquant entre beaucoup d’auteurs français et des auteurs issus d’autres cultures nationales, notamment du nord de l’Europe, tient en effet au choix d’une définition large ou étroite du concept d’État-providence. Enfin, l’étude de l’évolution du rôle de l’État dans la société française dans l’ouvrage de Rosanvallon n’accorde que très peu de place à la dimension idéologique et fait l’impasse sur l’histoire des doctrines philosophiques, politiques et économiques qui ont pu influencer, au moins dans la sphère sociale des élites intellectuelles, politiques et économiques, la transformation des conceptions de l’État et de son rôle dans la société. Pour l’ensemble de ces raisons, tout en accordant une place importante à l’analyse de Rosanvallon, on s’en affranchira en profitant des débats scientifiques internationaux référés à une définition large de l’État-providence (Cf. Section - La sédimentation des finalités assignées à l’État) et en le complétant par une prise en considération, durant la même période, de l’histoire des doctrines politiques et économiques (Cf. Section - Progression des doctrines interventionnistes).
1 ● Pierre Rosanvallon, La crise de l’État-providence, Éditions du Seuil, 1981. Compte rendu de lecture.
2 ● Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 1990. Compte rendu de lecture.
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Section - La sédimentation des finalités assignées à l’État
Pierre Rosanvallon dans L’État en France de 1789 à nos jours 1, analyse les relations État / société, tel qu’elles se présentent aujourd’hui, comme la combinaison de quatre phénomènes superposés, presque sédimentés au cours de l’histoire, qui s’enchaînent et se combinent pour former autant d’aspects très actuels de l’État moderne dans sa relation à la société :
- Il est d’abord, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, progressivement perçu comme distinct de la société (« le Léviathan démocratique »).
- Il est ensuite, à partir du XIXe siècle, conçu comme devant former, configurer, cette société, notamment produire sa cohésion et son identité nationale (« l’instituteur du social »).
- L’État se voit assigné un rôle providentiel de secours aux plus démunis et de protection des citoyens en ce qui concerne leurs conditions de subsistance (« la Providence »).
- Il est enfin pensé, au milieu du XXe siècle, au moment de la « révolution keynésienne », comme indissociablement lié à la société, intégré dans le système économique comme un élément central du circuit économique et voué à le réguler (« le régulateur de l’économie »).
Il est important de bien comprendre ce modèle : l’auteur ne prétend pas que chaque figure de relation État / société efface la précédente et s’y substitue mais, au contraire, construit ces idéaux-types pour désigner des réalités cumulatives plus que successives. Chacune vient ajouter à ce qui s’est précédemment construit et qui demeure, jusqu’à aujourd’hui. Typiquement, les politiques policières et militaires caractéristiques du « Léviathan démocratique » (proche du concept d’État-gendarme) sont toujours présentes aujourd’hui, mais elles représentent (en valeur relative) une proportion moindre des finances publiques, par exemple, qu’au XVIIIe siècle.Cette modélisation de l’histoire offre un vaste panorama à partir d’un point de vue particulièrement éclairant en ce qui concerne l’évolution de l’action publique. Néanmoins certains de ces choix de découpage conceptuels et chronologiques sont discutables. En s’en inspirant librement on peut distinguer trois grandes dimensions de cette évolution : la phase de distinction symbolique et culturelle entre l’État et la société civile à la Renaissance s’articule avec des conflits de légitimité politique au sein des royaumes européens entre les monarques et les nouvelles forces montantes, notables, urbains, marchands (Cf. Segment - Une culture interventionniste héritée de l’Ancien Régime). Les révolutions libérales du XVIIIe siècle, et notamment la Révolution française de 1789, marquent un tournant majeur où l’État, progressivement laïcisé, se voit assigner, durant tout le XIXe siècle, la mission de faire, de façonner, de former la société civile en véritable nation avec son identité nouvelle distincte de l’assujettissement à un roi et avec ses solidarités intérieures (Cf. Segment - 1789/1848 : « droits-libertés » et « droits-créances »). Enfin, le XXe siècle voit s’opérer un autre tournant majeur, lié aux deux guerres mondiales qui propulsent les budgets et services publics, et aux transformations idéologiques en faveur de l’interventionnisme économique et social, l’État devenant alors, dans l’esprit des populations, le principal régulateur légitime de la vie en société (Cf. Sous-section - Libéralisme, socialisme et « troisième voie » au XIXe siècle).
1 ● Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 1990. Compte rendu de lecture.
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Section - Progression des doctrines interventionnistes
Le mouvement d’ensemble qui vient d’être décrit sous un angle d’histoire sociale des idées relatives à l’État et à la société, à leurs relations et à ce qu’elles doivent être n’est probablement pas sans lien avec l’évolution historique des doctrines politiques et économiques relatives au rôle de l’État dans la société. Telle sera notre hypothèse : si l’on admet que les élites gouvernantes sont plus sensibles que le reste de la population à ces doctrines et qu’elles expriment aussi, à leur manière, certaines visions du monde caractéristiques de moments historiques, il y a lieu de leur accorder une importance que Rosanvallon, étrangement, ne leur donne pas. Quelques repères permettent de montrer que la culture politique interventionniste des élites françaises connaît trois siècles d’histoire et de consensus parfois étonnants, traversant largement le clivage gauche / droite.
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Section - La sédimentation des finalités assignées à l’État
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Chapitre - Comparaisons internationales d’États-providence
Dans le contexte européen de la fin du XIXe siècle, l’émergence de la protection sociale est tardive par rapport à l’Allemagne et à la Grande-Bretagne. Les premières lois marquantes apparaissent près de 15 ans après les lois de Bismarck et plusieurs années après les lois britanniques. Cette « lenteur » française va se prolonger au début du XXe siècle puisqu’il faudra attendre 1930 pour qu’un système national de protection sociale soit réellement instauré et ceci après une décennie de discussion autour de la loi 1930 dont le projet fut déposé au parlement en 1921 !
L’analyse en termes de « régimes d’État-providence », notamment telle qu’elle est conduite par Gosta Esping-Andersen implique une définition large de l’État-providence. Le régime d’État-providence fait référence à un ensemble d’interventions étatiques qui entraînent une démarchandisation des salariés, une redistribution des ressources et une modification de la structure sociale. Elle permet de faire ressortir des modèles assez différents qui décrivent chacun la situation de nombreux pays.
Une autre démarche pour mettre en évidence la diversité des trajectoires nationales de l’État-providence consiste à étudier des cas nationaux d’évolution historique. On tend alors souvent à se focaliser sur le système de protection social lui-même, objet plus circonscrit et plus précis que l’interventionnisme économique et social dans sa globalité. Une socio-histoire de la genèse de systèmes de protection sociale nationaux complète utilement la précédente démarche : elle présente l’avantage de faire découvrir dans les processus concrets de formation des États-providence et l’inconvénient de reposer sur une définition restreinte de l’État-providence.
1 ● Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 1990. Compte rendu de lecture.
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Section - Trois régimes d’État-providence (Esping-Andersen)
- Introduction - Section - Trois régimes d’État-providence (Esping-Andersen)
II. En cours d’éditorialisation - D. Rédaction stable pour relecture collective -
- Introduction - Section - Trois régimes d’État-providence (Esping-Andersen)
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Section - La diversité des trajectoires nationales (cas de la protection sociale)
L’analyse en termes de « régimes d’État-providence », notamment telle qu’elle est conduite par Gosta Esping-Andersen, implique une définition large de l’État-providence.
Le régime d’Etat-providence fait référence à un ensemble d’interventions étatiques qui entraînent, une démarchandisation des salariés, une redistribution des ressources et une modification de la structure sociale. Elle permet de faire ressortir des modèles assez différents qui décrivent chacun la situation de nombreux pays.Une autre démarche pour mettre en évidence la diversité des trajectoires nationales de l’État-providence consiste à étudier des cas nationaux d’évolution historique. On tend alors souvent à se focaliser sur le système de protection social lui-même, objet plus circonscrit et plus précis que l’interventionnisme économique et social dans sa globalité. Une socio-histoire de la genèse de systèmes de protection sociale nationaux complète utilement la précédente démarche : elle présente l’avantage de faire découvrir dans les processus concrets de formation des États-providence (mais présente l’inconvénient de reposer sur une définition restreinte de l’État-providence).
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Section - Trois régimes d’État-providence (Esping-Andersen)
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Chapitre - Accroissement des moyens d’intervention publique
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Section - Quelques indicateurs de croissance
Deux séries d’indicateurs servent de référence : celle des dépenses publiques d’une part et celle des effectifs salariés au service des autorités publiques d’autre part. Ces approches quantitatives sont séduisantes, donnant le sentiment rassurant d’une objectivité comptable et d’une précision chiffrée. Ce sentiment est trompeur : toutes les données disponibles sont sujettes à caution, discutables, contestables et fragiles. Cela tient à l’extrême variabilité des documents budgétaires, des cadres formels de la comptabilité publique et du rattachement ou non à cette comptabilité de certains fonds ou budgets. Cela tient aussi à l’extrême diversité des statuts des salariés travaillant pour les autorités publiques et la variabilité de ces statuts au cours de l’histoire, variabilité qui rend difficile l’établissement des correspondances nécessaires pour produire des séries longues. Sur ces deux indicateurs, les études peuvent aussi varier selon qu’elles considèrent ensemble ou non l’État central, les collectivités locales et la Sécurité sociale. D’autre part, ces deux indicateurs peuvent diverger sur certaines périodes : par exemple, de 1946 à 1986, la part des dépenses de l’État dans le PIB n’a augmenté que lentement par comparaison aux périodes antérieures alors que le nombre de fonctionnaires civils a presque triplé. Qu’en conclure en ce qui concerne l’évolution du « poids » de l’État ?
Dans ce domaine, trois études servent aujourd’hui de référence à tous :
- Louis Fontvieille, « Évolution et croissance de l’État français : 1815 à 1969 », Économie et société, 1976 1.
- Christine André et Robert Delorme, L’État et l’économie. Un essai d’explication de l’évolution des dépenses publiques en France, 1870-1980, 1983 2.
- Les synthèses réalisées par Pierre Rosanvallon dans les annexes de ces deux ouvrages (La crise de l’État-providence, 1981 3 et L’État en France de 1789 à nos jours, 1990 4) qui s’appuient largement sur les deux études précédentes mais les complètent aussi parfois par la prise en compte d’autres sources d’information.
1 ● Louis Fontvieille, « Évolution et croissance de l’État français : 1815 à 1969 », Économie et société. Cahiers de l’ISMEA, #13, 1976.
2 ● Christine André et Robert Delorme, L’État et l’économie. Un essai d’explication de l’évolution des dépenses publiques en France, 1870-1980, Éditions du Seuil, 1983. Compte rendu de lecture.
3 ● Pierre Rosanvallon, La crise de l’État-providence, Éditions du Seuil, 1981. Compte rendu de lecture.
4 ● Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 1990. Compte rendu de lecture.
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Section - Les interprétations de l’expansion de l’État
Les phénomènes de croissance rapidement décrits pour la France n’ont rien de spécifique et s’observent aussi dans les autres pays. Les théories disponibles ne se rapportent pas spécifiquement à un pays — même si elles sont généralement construites à partir de l’observation d’une situation nationale — ; elles ont une portée assez générale. On sort du cadre spécifiquement français pour la recherche de ces explications.
Il existe une grande variété d’explications qui mettent chacune l’accent sur un ou quelques aspects du développement de l’État-providence. Chacune constitue donc une interprétation partielle du phénomène d’ensemble. Et il est nécessaire de prendre connaissance de plusieurs thèses ou types d’analyse pour se faire une idée de cette vaste dynamique historique que constitue l’apparition de l’État-providence.
Le classement de ces explications est délicat aussi bien au regard de leurs origines universitaires (ex. : certains économistes traitent de phénomènes non économiques) que leurs analyses du phénomène (NB : la plupart associe de multiples facteurs économiques, politiques, sociaux...). Cependant une présentation structurée par référence aux deux schémas d’interprétation déjà évoqués me semble assez pertinente :
- dans une perspective interactionniste, l’expansion de l’État est présentée comme un phénomène subi par l’homme, produit par de multiples facteurs macro-économiques et la somme des pressions exercées par de multiples groupes d’intérêts.
- dans une perspective directionniste, on rapporte cette expansion soit à une stratégie de la classe gouvernante pour faire face aux évolutions du système économique soit à des doctrines politiques ayant inspiré les élites gouvernementales et orienté leurs stratégies d’action publique.
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Section - Quelques indicateurs de croissance
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Chapitre - Politiques économiques et sociales - EDC n°2
L’ambition de ce chapitre n’est pas de se substituer à un cours d’économie politique qui présenterait d’abord les concepts et les mécanismes économiques fondamentaux (agents et opérations économiques, comportements économiques, fonction des marchés, problèmes de l’économie nationale, etc.) pour analyser ensuite les mécanismes et les raisonnements qui fondent les politiques macro-économiques, c’est-à-dire les interventions de l’État destinées à corriger les déséquilibres susceptibles d’affecter l’économie nationale. On peut aborder l’économie politique dans une perspective à la fois plus restreinte et néanmoins intéressante d’un autre point de vue : il s’agira essentiellement de répondre à la question « Pourquoi l’État intervient-t-il ? ». On prolongera ainsi les interrogations ouvertes dans les chapitres précédents sur la genèse de l’État-providence mais en adoptant d’autres démarches de réflexion pour répondre à cette question : l’étude des idées d’économie politique (libéralisme, keynésianisme, école de la régulation...) et l’analyse sociologique des conditions de fixation des objectifs de politique économique.
1 ● Louis Fontvieille, « Évolution et croissance de l’État français : 1815 à 1969 », Économie et société. Cahiers de l’ISMEA, #13, 1976.
2 ● Christine André et Robert Delorme, L’État et l’économie. Un essai d’explication de l’évolution des dépenses publiques en France, 1870-1980, Éditions du Seuil, 1983. Compte rendu de lecture.
3 ● Pierre Rosanvallon, La crise de l’État-providence, Éditions du Seuil, 1981. Compte rendu de lecture.
4 ● Pierre Rosanvallon, L’État en France de 1789 à nos jours, Éditions du Seuil, 1990. Compte rendu de lecture.
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Section - Les politiques économiques : quels objectifs ?
La question principale soulève en effet deux questions connexes :
- L’État doit-il ou non intervenir pour corriger les déséquilibres de l’économie nationale ? Cette question amène à étudier les différentes positions en présence et en confrontation au sujet du rôle de l’État dans la société (là encore la dissociation politiques économiques/politiques sociales est indéfendable) (Cf. Sous-section - Deux paradigmes économiques opposés sur le rôle de l’État).
- Quels sont les objectifs qui guident les responsables politiques ? Cette seconde question conduit à identifier les principaux objectifs de politiques économique mais aussi à prendre en considération l’importance des contraintes politiques dans la conduite des politiques économiques (Cf. Sous-section - L’élaboration des objectifs de politique économique).
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Section - Les politiques sociales contre les objectifs économiques ?
- Introduction - Section - Les politiques sociales contre les objectifs économiques ?
A. En cours de rédaction - II. En cours d’éditorialisation -
- Introduction - Section - Les politiques sociales contre les objectifs économiques ?
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Section - Chômage et politiques de l’emploi
Ce chapitre sera plus court que les précédents. Il vise essentiellement à compléter et concrétiser les deux précédents en abordant un cas de politique sociale.
Le choix de ce cas n’est pas dû au hasard : la question du chômage et de la lutte contre le chômage montre particulièrement bien l’interdépendance des politiques sociales et des politiques économiques. Plus généralement, ce problème public illustre la forte imbrication, dans certaines politiques publiques (et peut être dans la plupart), des trois logiques d’action publique caractéristiques de l’État-providence : éducation, protection, régulation. La lutte contre le chômage relève institutionnellement (ministère) et académiquement (manuel) des politiques sociales mais elle constitue un enjeu central des politiques économiques et son incidence est forte sur l’orientation des politiques de l’éducation et de la formation continue. D’une certaine manière, c’est un enjeu global (total) pour l’État-providence qui se trouve pris en faute d’impuissance et d’inefficacité sur l’ensemble des fonctions nouvelles qui le définissent. Ce contexte favorisera la mise en cause globale de l’État-providence lui-même.
L’objet de ce chapitre n’est pas de faire une présentation économique ou sociologique du chômage et des politiques de l’emploi (deux excellentes synthèses existent dans la collection Repères 1). Il s’agit, dans une perspective de science politique, d’introduire à l’analyse des politiques publiques de manière concrète sans entrer dans les soubassements théoriques de ce type d’étude. Deux idées fortes de cette spécialité peuvent être illustrées à partir de la question du chômage :
- Un problème public est une construction sociale qui ne dépend jamais seulement des éléments matériels objectifs constitutifs du problème.
- Une politique publique est un processus social complexe qui ne se présente jamais sous la forme d’un développement séquentiel et rationnel d’identification d’un problème, d’une analyse, d’un traitement et d’une évaluation d’impact.
1 J. Freyssinet, Le chômage, 1998.
D. Demazière, La sociologie du chômage, 1995.
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Section - Les politiques économiques : quels objectifs ?
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Chapitre - Crise ou mutation des États-providence
L’objet de cette dernière partie est d’apporter un éclairage complémentaire sur la période actuelle et sur les principales tendances sociologiques concernant les relations entre l’État et la société. De ce point de vue, il s’agit d’un simple prolongement chronologique des deux parties précédentes. Cependant, s’il y a lieu de dissocier la période des dernières décennies du cours de l’histoire séculaire des États-providence, c’est parce que cette période est marquée par une controverse de grande ampleur, à la fois durable et internationale, sur le devenir de l’État-providence. On parle couramment, à partir de la fin des années 1970, dans les milieux de spécialistes et dans les mass-médias, de « crise » de l’État-providence.
Du point de vue de la science politique, l’idée de « crise » de l’État-providence ne peut pas être adoptée sans un examen préalable de ses conditions. Qui parle de cette « crise » ? Avec quels intérêts sociaux et quelles finalités politiques ? Comment se diffuse cette idée ? Fait-elle aujourd’hui consensus ? À cette dernière question, la réponse est objectivement négative. Tout le monde ne s’accorde pas sur l’existence et la réalité de cette crise. Tout le monde ne s’accorde pas sur l’interprétation des évolutions que connaît ce phénomène historique.
Ce constat, qui sera largement étayé par la suite, amène donc à s’interroger sur la pertinence même du mot « crise ». Peut-on parler de « crise » de l’État-providence ? L’enjeu principal de cette réflexion concerne le sort actuel, et éventuellement le devenir, de l’État-providence. S’agit-il d’une crise de l’État-providence ou d’une crise de la société dans laquelle cette forme d’État intervient ?
S’agit-il d’une crise qui met en péril l’État-providence ou d’un moment de mutation de cette forme d’État ?1 J. Freyssinet, Le chômage, 1998.
D. Demazière, La sociologie du chômage, 1995.-
Section - Le diagnostic de « crise » de l’État-providence
Tout le monde s’accorde sur au moins un point : la période concernée par cette discussion sur la « crise » de l’État-providence, c’est-à-dire les deux ou trois dernières décennies, est profondément marquée par le développement d’une crise économique de longue durée qui affecte non seulement les situations matérielles des individus mais également leurs modes de pensée et même, sous certains aspects, leur culture (Cf. évolutions du théâtre, de la mode, des arts plastiques, etc., pendant les crises et en sortie de crise) notamment en ce qui concerne le rôle de l’État dans la société. La relation entre crise économique et crise de l’État-providence est directe dans les critiques politiques et économiques néo-libérales et néo-social-démocrates de l’État-providence (Cf. Sous-section - Critiques économiques et politiques de l’État-providence (« néo-libéralisme », « troisième voie »...)) mais nous verrons qu’elle est aussi sous-jacente à toute l’analyse sociologique que fait un Pierre Rosanvallon de cette crise de l’État-providence (Cf. Sous-section - Un point de vue sociologique français : les analyses de Pierre Rosanvallon) et qu’elle aboutit à une remise en cause de la manière de gouverner : on parle alors d’une crise de la gouvernabilité que certains voient se résoudre dans l’émergence d’une nouvelle « gouvernance » en rupture avec celle qui aurait caractérisé l’ère de l’État-providence (Cf. Sous-section - Crise de gouvernabilité des États-providence et nouvelle gouvernance de ses politiques publiques).
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Section - Critiques du diagnostic de crise de l’État-providence ?
Le diagnostic de « crise » de l’État-providence est aujourd’hui largement diffusé et largement dominant dans les modes de pensée des élites économiques, administratives et politiques. C’est aussi devenu un thème extrêmement traité par les sciences sociales.
Nous avons vu, en introduction du chapitre précédent, que tout le monde s’accordait pour situer cette « crise » de l’État-providence dans la période des trois dernières décennies, c’est-à-dire celle de la crise économique. De ce fait, le problème de la relation entre crise économique et crise de l’État-providence passe au premier plan des enjeux d’interprétation : peut-on interpréter cette crise économique comme symptomatique d’une crise de l’État-providence ? (Cf. Sous-section - La crise économique et crise de l’État-providence)
Au-delà de cette première interrogation fondamentale, une autre question se pose sur la ou plutôt les significations de la notion de crise de l’État-providence : cette notion fait-elle l’objet d’une définition consensuelle ? La réponse est clairement négative : tout le monde ne parle pas de la même chose en utilisant cette expression et il faut alors s’attacher à évaluer la pertinence de chaque interprétation (Cf. Sous-section - Hétérogénéité et discussion des diagnostics de crise de l’État-providence).
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Section - Le diagnostic de « crise » de l’État-providence