- Partie - Fondements des États démocratiques
- Chapitre - Configuration libérale « société civile et État »
Section - Dominations sociales et limitations libérales de l’État
L’État démocratique libéral se construit, dans l’histoire européenne et américaine, à partir d’oppositions à l’absolutisme monarchique des XVIIe et XVIIIe siècles. Les révolutions britanniques, françaises et américaines du XVIIIe siècle marquent un tournant majeur dans l’évolution historique de la configuration libérale de relations « société et État » mais aussi la théorisation du Rechtsstaat. Les révolutions, les mouvements d’indépendance ainsi que l’activité des doctrinaires produisent des idéologies et des mythes politiques, constitutifs de la formule de gouvernement, mais produisent aussi des transformations profondes dans l’économie générale des relations symboliques, sociales et économiques. Face à des appareils administratifs d’État devenus tout puissant et dominés par des groupes sociaux particuliers (familles régnantes, aristocraties, propriétaires de terrains, bureaucraties…) (Cf. Sous-section - Les dominations sociales sur et par l’État), les efforts collectifs ont porté principalement sur la limitation des pouvoirs s’exerçant par l’État qui apparaît comme la cause première, peut-être à tort, de la domination politique. Ils aboutissent à des combinaisons variables de séparation des champs de compétences institutionnalisées, de différenciation synchronique et diachronique des représentations symboliques et des dispositifs de regards croisés entre les activités publiques des diverses catégories de dirigeants. Mais ces dispositifs ont une portée limitée à cause d’autres phénomènes sociaux qui les contredisent respectivement : l’asymétrie des pouvoirs qui se construit de manière historique, l’osmose des classes politiques dirigeantes et les dépendances des contrôles réciproques (Cf. Sous-section - Formes et faiblesses des limitations juridiques de l’État).