Page du plan détaillé


Navigation par niveau


Navigation par tag


Navigation par EDC


navigation par suivi édito



rechercher un contenu


Suivi rédaction

Plan : Suivi rédactionnel pour travail collectif

SECTEUR COURANT DU MANUEL > TEDI - Transformations des États démocratiques industrialisés > Jérôme VALLUY    

  • Partie - Fondements des États démocratiques
  • Chapitre - Formule de gouvernement, “électorale & juridique”

    Organisation du plan de chapitre : La formule de gouvernement est un élément de la culture politique assimilée tout au long du processus de socialisation (Cf. Section - Cultures et socialisations politiques). Elle exprime une vision approximative du régime appelé « démocratie » — y compris dans les typologies de régimes — et des idées philosophiques de ce qu’il devrait être (Cf. Section - Valeurs et caractérisations de la démocratie). La formule est transcrite dans le droit constitutionnel et plus largement dans le droit public (Cf. Section - Constitutionnalisation de la formule). Cet ensemble idéologique oriente la Constitution et les activités de la légitimation politique notamment celles de communications publiques et politiques, mais aussi médiatiques (Cf. Section - Légitimation politique).

  • Section - Légitimation politique

    La socialisation politique n’est pas le seul facteur envisageable permettant d’expliquer l’acceptation de l’ordre politique : la peur de la répression peut expliquer dans certains régimes la soumission des gouvernés ; une certaine indifférence à la politique peut entraîner une acceptation passive de l’ordre établi ; un intéressement personnel au maintien d’un système politique matériellement avantageux pour soi (privilèges) peut susciter le soutien. Néanmoins, le pouvoir politique ne semble jamais aussi bien établi que lorsque les gouvernés le considèrent comme légitime : conforme au moins approximativement à un principe jugé supérieur.

    Dès lors, la plupart des dirigeants politiques ont en commun de rechercher un renforcement des croyances et des valeurs partagées qui fondent dans l’esprit des gouvernés, à tort ou à raison, l’idée d’une légitimité du pouvoir politique de ces dirigeants. Ces croyances et valeurs qui fondent la légitimité du pouvoir varient selon les lieux et les époques (Cf. Sous-section - Les types de légitimité) et peuvent se trouver renforcées par les actes et discours des dirigeants eux-mêmes (Cf. Sous-section - Sens et actions de légitimation politique). Mais cette légitimité peut se fragiliser, et le pouvoir politique perdre tout soutien jusqu’aux situations de crises (Cf. Sous-section - L’érosion et le changement de légitimité).

  • Sous-section - Sens et actions de légitimation politique

    La légitimation politique peut être définie comme l’ensemble des actions par lesquelles les dirigeants tendent à établir leur légitimité, à la revendiquer, en fonction des représentations qu’ils ont du régime désirable et désiré par les gouvernés 1. Comme le remarque Jacques Lagroye, ces actions reposent aussi sur des convictions plus ou moins assurées ; les gouvernants n’ont qu’une connaissance intuitive et approximative du régime désiré par les gouvernés.

    Quoiqu’il en soit de l’efficacité des actions de légitimation politique, on peut identifier certaines tendances quant à leur orientation :

    • mettre en exergue les qualités personnelles des dirigeants politiques,
    • entretenir l’image d’un pouvoir politique accordé à certaines valeurs et notamment aujourd’hui aux valeurs républicaines du gouvernement représentatif et de l’État de droit.

    1 Jacques Lagroye, Sociologie politique, Presses de la FNSP & Dalloz, 2e édition, 1993, p. 396. Compte rendu de lecture.

Segment - L’image de dirigeants aux qualités exceptionnelles

D. Rédaction stable pour relecture collective
II. En cours d’éditorialisation


Ce mode de légitimation politique concerne les qualités personnelles des gouvernants mais peut contribuer indirectement au soutien du régime politique. Les modalités les plus facilement identifiables de cette forme de légitimation sont repérables dans les sociétés anciennes mais n’ont pas forcément disparu de nos sociétés...

Les gouvernants tendent à être sacralisés dans de nombreuses sociétés : c’est par exemple la sacralisation du prince régnant dans la plupart des sociétés antiques et moyenâgeuses depuis la déification du pharaon égyptien tenu pour fils de dieu jusqu’à la sacralisation des rois européens marqués par l’huile sainte lors du sacre d’intronisation et parfois canonisés après leur mort (ex. : Louis IX de France). L’historien Marc Bloch (Les rois thaumaturges, 1924 1 a ainsi mis en évidence le rôle des représentations sociales qui faisaient du roi une sorte d’élu de Dieu, doué du pouvoir de guérison, mais aussi des légendes sur les origines dynastiques dans le renforcement de la royauté.

Les gouvernants se présentent souvent comme donateurs ou bienfaiteurs, comme l’a bien montré Paul Veyne (Le pain et le cirque, 1976 2), notamment dans les sociétés où ils mobilisent leurs richesses, leur parenté et leurs relations pour offrir des banquets et des jeux, pour faire édifier des monuments publics. Ce sont ainsi les notables de l’Antiquité grecque ou romaine, les rois-pharaons ou les empereurs romains, distributeurs de blé au peuple, constructeurs de marchés, d’aqueducs et de bibliothèques. La figure paternelle du dirigeant est aussi un lieu commun de la légitimation politique (« petit père des peuples » = Staline).

Les gouvernants sont parfois présentés comme les héros d’un projet politique, aboutissant à ce que l’on appelle un culte de la personnalité particulièrement marqué dans les régimes communistes et fascistes. Au plus proche du modèle de domination charismatique, l’autorité du chef est justifiée par ses qualités exceptionnelles qui lui permettent d’incarner à lui seul l’ensemble : une vision du monde, un projet de société, la volonté de tous.

La valorisation personnelle des dirigeants est plus euphémisée mais pas absente de notre société :

  • que l’on songe aux émissions télévisées sur la vie quotidienne de nos dirigeants,
  • au rôle des voyages officiels de ces mêmes dirigeants pour focaliser l’attention sur la personnalité des gouvernants (leurs réactions à chaud, leurs émotions...),
  • aux grands meetings pré-électoraux démontrant l’étendue des soutiens du leader,
  • ou encore aux formes de vénérations sincères ou feintes dont ont pu faire l’objet des personnalité comme de Gaulle ou Mitterrand (ex. : la « mitterrandolatrie » de son ami et ministre Jack Lang).

Les gouvernants tendent aussi à se présenter comme savants ou très compétents. Ce mode de légitimation personnelle des dirigeants se retrouve dans de très nombreuses sociétés et périodes où les gouvernants se font auteurs d’ouvrages, traités ou essais, (éventuellement écrits par d’autres). Les leaders communistes étaient toujours réputés détenir un savoir exceptionnel en matière de marxisme? scientifique. Une bonne partie des hauts fonctionnaires et des élus dans notre pays sont passés par des « grandes écoles » où l’on ne leur apprend pas forcément grand-chose mais où il est particulièrement difficile d’entrer. En cohérence avec la légitimité fondée sur l’idée de gestion rationnelle du politique, les titres de techniciens (en économie, en droit, en ingénierie) deviennent des titres de légitimation politique (ex. : Raymond Barre, Premier économiste de France, poids des Grands corps de l’État...).

Jérôme VALLUY‚ « Segment - L’image de dirigeants aux qualités exceptionnelles  »‚ in Transformations des États démocratiques industrialisés - TEDI  - Version au 9 mars 2023‚  identifiant de la publication au format Web : 39